Dispac'h – Collectif indépendantiste breton

Défense du littoral contre le capital !

Défense du littoral contre le capital ! Le projet de la construction d’une thalassothérapie sur le plage de Kerguelen, à Larmor-Plage

Le projet de la construction d’une thalassothérapie sur le plage de Kerguelen, à Larmor-Plage (An Arvor-Ar Pouldu) a été voté en 2019 par Lorient agglomération et la commune de Larmor. Les forces locales ont évolué, et c’est aujourd’hui Fabrice Loher qui dirige les opérations. Maire et président d’agglomération élu sous l’étiquette Renaissance, sa récente promotion au titre de Ministre délégué chargé de la mer et de la pêche dans ce nouveau gouvernement fasciste et réactionnaire nous en dit assez sur ses ambitions politiques et ses positions idéologiques.

Le projet se compose comme suit : un complexe de trois bâtiments, répartis sur 9 898 m² (juste sous la limite des 10 000 m² les obligeant à réaliser une étude d’impact…) pour un coût de cession du terrain de 53€ le m² (autant dire rien du tout !). Le premier bâtiment fait 150m de long et 15m de haut (3 niveaux + rooftop et ouvrages techniques), et occupe 4 hectares de terrain jusqu’alors agricole. Il accueillera un hôtel 4 étoiles de 130 chambres, 2 restaurants, des espaces de réception, trois piscines d’eau de mer chauffée. 

Le second bâtiment, au bord de la route et au point haut du terrain, accueillera 10 logements pour le personnel. Enfin, le dernier bâtiment bâti sur pilotis et appelé « Folie » serait construit au-dessus du bassin de rétention des eaux pluviales.

Un projet mortifère

Dans un monde où le dérèglement climatique devient plus tangible chaque jour, comment un tel projet pourrait-il voir le jour ?

L’absence totale d’études d’impacts réalisées sur le site pourtant situé dans une zone concernée par la Loi Littoral et comprenant plusieurs zones sensibles (dune, zone humide, plage) est un nouvel aveu des pouvoirs publics. On parle de 30 000 litres d’eau potable pompée par jour, chauffée puis rejetée dans la mer, sans compter les eaux usées des 260 résidents par jour prévus en haute saison. La consommation énergétique en résultant est alarmante : il faut remonter l’eau sur 900 mètres, puis la chauffer, en ajoutant à cela tous les autres besoins du complexe. 

On parle de 2 700 à 3000 tonnes de CO² produits, que les lorientais·es devront compenser pour tenir les objectifs de GES du territoire. Kerguelen est l’une des dernières plages presque entièrement naturelles dont peuvent profiter les lorientais, un site naturel exceptionnel qu’il est nécessaire de préserver !

 

Un agenda politique qui suit son cours

Relais Thalasso, bénéficiaire du projet, n’en est pas à son coup d’essai. Participant actif au dépeuplement de nos côtés et de la transformation de nos territoires en simples colonies de vacances pour touristes, le groupe possède déjà 4 établissements, à Bénodet, Pornichet, l’île de Ré et Hendaye. 

La Bretagne n’est pas une résidence secondaire ! 

En bradant le prix du terrain, Lorient Agglomération et la commune de Larmor se rendent complices de l’augmentation insupportable des loyers dans la zone, empêchant les breton·nes d’habiter au pays, et empêchant toustes les travailleur·euse·s d’accéder à des logements décents. 

La politique de l’Etat français de bétonisation de nos côtes pour en faire un parc d’attraction suit son cours tranquillement, avec le soutien d’une bourgeoisie locale défendant ses intérêts de classe, complètement déconnectée des intérêts du peuple.

 En effet, il existe déjà quatre centres de thalasso dans le seul département du Morbihan (Carnac, Quiberon, Bangor, Arzon), et six au total sur la côte sud bretonne (Concarneau, Bénodet). L’agglomération de Lorient s’inscrit largement dans cette volonté de bétonisation, puisqu’un permis de construire pour un lotissement de 59 logements à Kerpape, sur la commune de Ploemeur, voisine de Larmor, a été validée le 26 mars 2024 par la cour administrative d’appel de Nantes. Ce projet de construction dénaturerait encore une fois une côte naturelle relativement épargnée par la bétonisation.

Les prévisions d’un trafic augmenté d’environ 180 000 véhicules supplémentaires par an (soit 500 par jour), doublés d’un trafic aérien augmenté notamment à travers les jets privés de bourgeois venant profiter de leurs vacances, sont un appel à la résistance. Le littoral breton, déjà suroccupé et gangréné par les établissements balnéaires et les résidences secondaires ou de courte durée (AirBNB…) ne peut supporter de nouvelles infrastructures. Larmor compte déjà presque ¼ d’habitations vacantes 9 mois dans l’année, et une grande partie des communes du pays sont classées en zone tendue. A Groix, c’est plus de 50% de résidences secondaires !

Le surtourisme et la gentrification de nos communes nous détruit en faisant chuter notre qualité de vie : logement, travail

Il détruit les espaces naturels et transforme nos cultures en de simples folklores, dans un unique but de divertissement destiné aux touristes. La promesse que la population pourrait profiter d’un tel établissement réservé à une élite de par ses 4 étoiles, ou que les emplois qu’un tel établissement créerait, sont autant de fausses solutions destinées à nous amadouer. 

En vérité, le niveau de vie des habitant·es est bien trop bas pour se payer de tels services, et les offres d’emplois concernent en majorité des contrats précaires. De plus, la construction détruirait 4,3 hectares de terres agricoles, nécessaires à notre souveraineté alimentaire, d’autant que celles-ci sont les dernières existant sur le front de mer de la commune.

Le copinage insupportable entre soldats du Capital et politiques a de beaux jours devant lui. L’un des établissements possédé par Relais Thalasso l’est aussi par Osae Real Estate Partners #1, une filiale de la société de gestion de fonds immobiliers Osae Partners. Si cette dernière est située à Paris, sa filiale ayant investi à Hendaye est en revanche localisée au Luxembourg, paradis fiscal notoire. Cette grande magouille autour du projet de Larmor-Plage brasserait la bagatelle de dizaines de millions d’euros (30 millions sont prévus pour la construction et la mise en marche du complexe), se retrouvant soit dans la poche des financiers, soit dans celles de nos politiques.

Déni de démocratie et résistances populaires

Ce projet est, sans étonnement, vivement contesté par la population locale. Cependant, comme à son habitude le système politique et judiciaire reste sourd aux appels du collectif Stop Thalasso et des autres collectifs investis dans la lutte contre le projet. Chez les riverain·es, tout le monde est contre ! 

Associations de protection de la nature (Tarz-Heol, Rendez-nous la mer Ar mor Bro An Oriant, Bretagne vivante, Les Amis des chemins de ronde du Morbihan etc.), partis politiques (NPA, LFI, EELV, PCF etc.), syndicats (Confédération Paysanne, Union Pirate, CGT, Solidaires etc.) et groupes politiques divers (Extinction Rébellion, les Soulèvements de la Terre, militants autonomes du Pays de Lorient etc.) regroupent plusieurs centaines de militant·es œuvrant activement contre ce projet.

Un recours déposé devant le tribunal administratif de Rennes a annulé le permis de construire en 2022, mais cette décision fut retoquée par la Cour d’Appel de Nantes début juin 2023. Le Conseil d’Etat à Paris a refusé début 2024 d’examiner le recours auprès de sa juridiction, jugeant certainement l’affaire sans grande importance. Nous ne pouvons lutter avec les armes de l’ennemi.

C’est pourquoi ces groupes et individus ont opté, en parallèle de la bataille juridique, pour la lutte sur le terrain.

Depuis plus d’un an, le collectif Stop Thalasso multiplie les actions. De nombreuses manifestations festives, lors desquelles les militant·es sont invité·es à se déguiser en client·es de la thalasso, les parodiant de façon satiriques, ont déjà eu lieues, avec au terme de l’une d’entre-elle une chaîne humaine reliant la mer au site de construction prévu. Elle symbolise l’attachement des locaux au site naturel et à la préservation de celui-ci, ainsi que le lien entretenu entre construction du complexe et destruction de cet espace. 

Des initiatives de pédagogie et de sensibilisation se multiplient, avec des tractages sur les marchés, des articles dans les journaux locaux ou des reportages télé, afin de toucher un maximum la population locale mais également essayer d’alerter à un niveau plus important. De même, l’affichage de banderoles sur les ponts enjambant la RN 165 et la pénétrante de Lorient notamment, ainsi que des tags et des collages, sont réguliers dans tout le pays lorientais afin d’avertir de visibiliser cette lutte. Le soutien de toutes et tous à ces militant·es est nécessaire.

Ces méthodes d’expression populaire ne s’arrêtent pas à ça : les tags sur le site sont très nombreux (routes, poubelles, bâtiments…), et les panneaux d’affichages (publicité…) sont systématiquement détruits. Les apparitions lors de réunions publiques à la Maison de l’Agglomération se multiplient (il en est d’ailleurs prévu une pour le 15 octobre à 17h30), afin de confronter Fabrice Loher et l’obliger à répondre de ses actions. De plus, une pétition demandant l’abandon du projet, que nous vous invitons fortement à signer, a déjà recueilli plus de 21 000 signatures (lien en annexe).

De nouvelles actions sont en préparation : outre celle du 15 octobre, il est prévu un escape game à Kerguelen le 19 à 15h afin de sensibiliser de manière ludique, notamment pour parler aux plus jeunes. Enfin, le 3 novembre est la date la plus importante à retenir puisqu’il est prévu une manifestation d’ampleur sur le site, à laquelle les opposant·es au projet ont décidé de consacrer toute leur énergie.

Cependant, si la voie institutionnelle et pacifique reste bouchée, une solution reste : l’insurrection.

Le projet d’une ZAD (Zone à Défendre) si le projet est finalement validé malgré les protestations populaires germe petit à petit dans les têtes et dans les discussions. Ces moyens d’actions et de luttes ont déjà prouvé leur efficacité, et nous devons être prêts à défendre nos territoires et nos valeurs face à un pouvoir capitaliste, coercitif et centralisé, déconnecté de nos réalités et ne recherchant que le profit.

Pour plus d’informations, nous vous renvoyons vers le site du collectif Stop Thalasso, ainsi que vers le compte instagram @lorient.la.combative.

Dispac’h, le 11 octobre 2024

Sources :

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