Dispac'h – Collectif indépendantiste breton

Pays Basque : percée historique de la gauche indépendantiste dans les urnes

Pays Basque : percée historique de la gauche indépendantiste dans les urnes

Dimanche dernier se tenaient au Pays Basque sud les élections pour renouveler les élu-es siégeant au parlement de la communauté autonome. Lors de ces élections, la coalition EH Bildu, représentant la gauche abertzale (gauche indépendantiste luttant pour un Pays Basque libre et socialiste), a réalisé les meilleurs scores de son histoire en obtenant 27 sièges sur 75 au total, soit autant de sièges que le PNV (Parti nationaliste basque, parti nationaliste de droite modérée) qui dirige le gouvernement autonome depuis la chute du franquisme.

Si le pouvoir reste vraisemblablement entre les mains du PNV, par le biais d’une coalition de gouvernement avec le PS espagnole, les scores inédits d’EH Bildu sont clairement l’élément le plus marquant de ces élections.

Car, alors qu’un peu partout dans le monde les gauches de gouvernement se sont faites les auxiliaires les plus zélées de l’ordre néolibéral en place, contribuant ainsi largement au retour général du fascisme, les scores basques de dimanche sont ceux d’une gauche de rupture axant son programme sur les besoins et revendications des masses et de la jeunesse (logement, féminisme, santé, écologie …). Cela fait écho à la situation politique en Irlande où, au nord comme au sud, le Sinn Féin obtient une percée similaire avec le même type de stratégie et de projet de société.

Bien sûr, la voie électorale n'est pas la solution absolue en soi, ce n’est d’ailleurs pas celle que nous avons choisie.

Le pouvoir finit par corrompre et, toute organisation, fût-elle la plus vertueuse possible, finira toujours par dégénérer au bout d’un certain temps passé à la tête des institutions. Le tournant catastrophique pris par la République d’Irlande depuis son indépendance est là pour le rappeler… C’est pourquoi les résultats d’EH Bildu ou du Sinn Féin n’auront de valeur que si, derrière eux, il existe une réelle autonomie populaire, multiple et puissante, à même de réellement imposer à ces partis et à leurs élu-es, l’application des programmes pour lesquels ils et elles ont été mis-es au pouvoir.
 
Il n’empêche cependant qu’à l’heure où le péril fasciste et la crise écologique se font chaque jour plus menaçants, les exemples basques et irlandais prouvent que l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite par les urnes n’est pas une fatalité, si les partis de gauche se donnent les moyens de réellement porter les aspirations et les besoins des classes populaires et de la jeunesse.
 
Ajoutons enfin que ce n’est pas un hasard si ces résultats interviennent tous deux dans un contexte de lutte de libération nationale, tant le sentiment d’appartenance à un même peuple minorisé, de partager en commun une même terre, une ou des langues, une culture, une identité à défendre, face à une puissance extérieure cherchant à les faire disparaître en tant que différence, constitue souvent le fermant de lutte populaire forte, et un bon antidote a la propagation des idées réactionnaires. Les faibles scores que continue à faire l’extrême droite ici en Bretagne s’expliquent très largement pour cette raison.

A l’instar du Pays Basque et de l’Irlande, il existe aussi ici en Bretagne un boulevard pour la gauche prétendant accéder au pouvoir par les urnes.

Mais pour ce faire il faudrait qu’un parti de gauche française comme la FI reconnaisse enfin les spécificités culturelles et politiques bretonnes, ainsi que le droit du peuple breton à l’autodétermination ; ou qu’un parti autonomiste breton comme l’UDB renonce définitivement à son histoire de parti social-démocrate mou, pour se mettre réellement à porter la voix de la jeunesse et des classes populaires bretonnes.
Dispac’h, le 24 avril 2024
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