Dispac'h – Collectif indépendantiste breton

Du Pays Nantais à Douarnenez, ne laissons plus la question du logement aux mains des accapareurs

Du Pays Nantais à Douarnenez, ne laissons plus la question du logement aux mains des accapareurs.
Du Pays Nantais à Douarnenez, ne laissons plus la question du logement aux mains des accapareurs.

Le weekend des 10 et 11 juin se tiendront deux grandes manifestations touchant toutes deux à la question du logement en Bretagne.

Le 10 juin à Douarnenez c’est plus d’une dizaine de collectifs qui appellent à manifester pour le droit au logement. Cet appel s’inscrit dans la continuité des diverses mobilisations sur cette même problématique qui touche depuis maintenant trop longtemps une Bretagne où il devient de plus en plus difficile de se loger décemment.
 
Le 11 juin dans le Pays Nantais c’est deux convois qui convergeront depuis Saint-Colomban et Héric vers Nantes contre l’agrandissement et la multiplication effrénée des carrières de sables de l’industrie du béton (Lafarge-Holcim, GSM et Pigeon), qui sont indispensables au bon fonctionnement de celle-ci. Ils y rejoindront la grande manifestation contre le transfert du CHU sur l’île de Nantes – projet absurde contre lequel les syndicats de soignant-e-s sont vent debout – pour demander d’urgence un moratoire sur les carrières de sable, granulats, et usines d’enrobés qui ravagent la Loire Atlantique.

À première vue, ces deux mobilisations pourront sembler contradictoires à certain-ne-s.

En effet, quelle meilleure réponse en effet à la crise du logement sinon construire, et alimenter le marché avec de nouveaux biens pour faire baisser les prix ? C’est ce que diront en tout cas promoteurs immobiliers et autres tenant de la bétonisation à tout crin.
 
Pour nous, au contraire, elles se répondent de façon évidente. Car à l’heure où la Bretagne à elle seule compte plus de 500 000 logements vides, et où les écosystèmes montrent tous les jours de plus en plus leurs limites, il devient évident que la solution ne se trouve plus dans la fuite en avant vers toujours plus de construction, mais dans une réelle régulation du marché, une meilleure répartition des biens existants, et une transformation profonde des politiques de l’habitat et du territoire.

Dans le Pays Nantais, les carrières de sable sont en premier lieu destinées à fournir en matière première les nouveaux bâtiments de la métropole nantaise, en perpétuel agrandissement.

Or, c’est bien ce même phénomène de métropolisation, fruit de choix politiques, qui fait exploser les prix et raréfie le logement pour les jeunes et les précaires, à Nantes, Rennes, ou encore Brest. Partout, les villes ne sont presque plus pensées pour, et en fonction, de celles-eux qui y habitent, mais uniquement en vue d’attirer de nouvelles populations toujours plus aisées. 
 
À Rennes, on ne compte ainsi par exemple plus les projets largement financés par les collectivités publiques, et destinés à attirer une clientèle riche, déboulant via la LGV : Centre des congrès à plus de 100 millions d’euros visant à développer le « tourisme d’affaire », quartier « EuroRennes » rasant tout le vieux quartier ouvrier sud-gare pour le remplacer par des immeubles de bureaux situés à deux pas de la gare, multiplication des projets d’hôtels de luxe… Le tout avec un musellement de la vie culturelle dans le but de faire de la ville un espace le plus aseptisé possible.

Ce phénomène fait écho à la situation sur la côte où, là aussi, il est devenu quasi impossible de se loger pour les jeunes et les précaires, en raison de l'accaparement croissant du parc immobilier par les résidences secondaires et les locations touristiques.

Ce qui s’y passe ne peut être dissocié de la gentrification qui touche les grandes villes : en Bretagne 30% des résidences secondaires sont détenues par des personnes résidant en Île-de-France, et beaucoup d’autres le sont par des personnes résidant à Rennes, Nantes, ou dans d’autres métropoles gentrifiées. Dans tous les cas elles le sont par des personnes en moyenne clairement plus fortunées que le reste de la population, et bien souvent citadine.
 
On ne peut plus continuer dans ce modèle où une minorité de personne aisées migrent ainsi chaque année, l’été venu, des métropoles vers leurs résidences secondaires, s’accaparant et consommant le territoire. Métropolisation et tout tourisme sont les deux faces d’une même pièce !

La loi du marché ne peut être la solution au problème du logement.

Dans l’État français, la moitié du parc locatif est détenue par une infime partie (3,5%) de la population, qui peut ainsi allègrement spéculer sur la détresse. La solution ne passera donc que par une réelle régulation du marché immobilier (zone tendue, limitation de la multi-propriété, réquisition des logements vides, encadrement des loyers…), comme l’on déjà établis récemment les différents collectifs membre des plateformes Un ti da bep hini et Bretagne zone tendue.
 
Par ailleurs, le cadre actuel de catastrophe climatique impose la mise en place d’une réelle politique de rénovation de l’ensemble du bâti. A partir de 2028, un nombre croissant de logements va être interdit à la location en raison de leur faible performance énergétique. Leur absence se fera mécaniquement ressentir sur les prix du marché. Il est donc urgent d’opérer leur rénovation thermique dès maintenant. 
 
Plus largement, il convient de mener une réelle politique de réhabilitation des logements abandonnés et/ou insalubres. Il est absurde de continuer à construire là où des logements tombent en décrépitude, et il est carrément inacceptable que nombre de personnes continuent à vivre dans des logements indignes. Il est enfin nécessaire de mettre fin à la criminalisation des habitats légers et alternatifs qui sont ceux les moins impactant sur l’environnement.
Dispac’h, le 30 mai 2023
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