éphéméride des luttes bretonnes - Miz Miz Here / Octobre
Octobre 1998
Le journal d’Emgann annonce sur sa première page un clash entre Gilles Servat et le Front National. Au programme, une tentative de récupération d’une des chansons militantes bretonnes les plus populaires : la Blanche Hermine. Au lieu de soutenir Servat inconditionnellement, un article non signé dans le journal précise « Il faut se rendre à l’évidence : le FN se l’est appropriée car elle véhicule les mêmes valeurs machistes que lui ».
Après avoir cité les paroles, en effet très portées sur la femme à la maison et l’homme au combat, l’article termine sur ces mots : « « La femme bretonne n’est pas là pour réfléchir ni se battre : sa vie est vouée à son mari et à ses enfants’, discours officiel du FN. Alors touches-y à ton hermine et remplace toutes ces conneries, de manière à ce que le FN n’ait pas envie de la chanter. »»
29-30 octobre 1998
L’Hôtel de ville de Belfort subit une explosion d’une forte intensité qui détruit une quinzaine de bureaux. La revendication arrive rapidement de l’ARB, pour une action qui s’est pourtant déroulée loin de la Bretagne. Il faut dire que Belfort est le fief de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’intérieur et plus que connu en Bretagne, en Corse ou au Pays Basque pour son jacobinisme exacerbé.
Octobre 1986
L’entreprise COGEMA, qui veut extraire de l’uranium en Bretagne, est en promenade dans le kreiz-Breizh. Il avait commencé par tenter d’installer ses foreuses à Melioneg, près de Rostrenen. Assez vite néanmoins, les engins furent redécorés en opposition à l’extraction.
En octobre 1986, voilà que l’entreprise tente un nouveau secteur, Guilligomarc’h. Cette fois des précautions sont prises, un agent de sécurité est dépêché pendant le week-end pour éviter toute décoration sauvage. Les habitant.e.s du secteur réagissent malgré tout aussi vite qu’à Melioneg, a peine installé le chantier est investi et les engins sont allègrement peinturlurés. Les différents repères installés par l’entreprise dans le but de commencer les recherches sont démontés et dispersés dans la nature. Le vigile finit bien par se manifester, en tentant une attaque à la lacrymogène sur les manifestant.e.s… La conséquence, toute évidente, fut le désarmement du vigile, l’utilisation de sa bombe contre lui-même, puis un petit moment d’enfermement dans sa cabane de service, histoire de se calmer.
Octobre 1978
Dans le journal Combat Breton, Xavier Grall commente l’attentat survenu quelques mois auparavant au château de Versailles.
« Moi, j’avoue que j’ai rigolé. Mieux vaut bomber, bombarder, plastiquer des pierres et des croûtes que de tuer des hommes. Ce château de la vanité et de l’assujettissement et de l’abaissement des provinces et des ouvriers et des paysans à la volonté d’un monarque qui se prenait pour le soleil, n’était-il pas le symbole même de la servitude politique ? Remarquez, il tient toujours debout. Ils l’ont griffé, égratigné. Comme un pauvre griffe, égratigne un bourgeois, comme ça, par dignité, comme ça, pour l’honneur. Pas mal ! Si Versailles m’était bombé… Gros scandale en France ! Ce pays peut torturer à tour de bras en Algérie, seule une minorité se soulève. Mais alors, insulter Versailles, c’est pas permis ! (…) Passez châteaux, resteront nos chapelles dans la lande ! Oui, en ce jour de juin où Versailles me fut bombé, il me vient à l’idée qu’un certain activisme breton s’orientait vers une réelle intelligence politique. C’est cela qui ne sera pas pardonné aux auteurs supposés de l’attentat. Mais c’est pour cette raison là que les fils des Bonnets Rouges et les enfants des tempêtes et les hommes oubliés devraient relever la tête, en vrais chevaux d’orgueil… Si Versailles m’était bombé… »
21 octobre 1928
Après une énième tentative de tractations pour faire s’unir les groupements catholiques, régionalistes et le jeune Breiz Atao, un article est publié dans le journal pour décrire l’échec des projets d’union. Mordrel y raconte comment il se retrouva seul au rendez-vous convenu pour parler d’une union inter-groupes bretons, qu’il prit donc le temps de déguster un chocolat, faute de parler d’union, d’où le titre de son article « Union et chocolat ».
Au final, le groupe nationaliste de Breiz Atao, qui restera un des plus importants de cette époque, a toujours vite abandonné ces logiques d’unions entre groupes du dit mouvement breton, préférant plutôt développer sa propre force et sa propre structure. S’il prêchait l’union entre ses membres, il ne la recherchait donc pas franchement avec ses concurrents sur la scène politique bretonne.
« Je ne sais pas si nous répondrons encore une fois – la dixième depuis dix ans – à des avances en faveur de l’union : nous avons été assez « chocolat » comme ça, et nous n’avons pas de temps à perdre en parlottes qui masquent trop souvent des intrigues sans intérêts. Il nous paraît plus simple de continuer à développer le Parti Autonomiste Breton, où l’union des militants bretons de toutes provenances a été réalisée avec succès. »