Dispac'h – Collectif indépendantiste breton

Ephéméride des luttes bretonnes - Miz Genver / Janvier

Ephéméride des luttes bretonnes - Miz Genver / Janvier

5 janvier 2014

Des Bonnets Rouges se retrouvent sur les ponts, avec banderoles et Gwenn ha Du, un peu partout au dessus des quatre voies des cinq départements bretons. Cette action de visibilité vient se greffer aux autres temps forts de la mobilisation, comme les occupations de quatre voies ou les manifestations dans les villes.
 
Pour faire tomber l’eco-taxe néanmoins, les Breton.ne.s restent très terre à terre. Dans le mois de janvier, un portique endommagé à Jans (44) est démonté par l’État, à Gosné (35) un feu est également venu saboter l’installation. D’octobre 2013 à mars 2014, il ne se passe pas un mois en Bretagne sans que des actions du genre ne visent des portiques, et sur la même période le rythme est encore plus soutenu pour les attaques de radars.

27 janvier 2000

Gérard Bernard, militant indépendantiste membre d’Emgann, rédige une lettre pour le journal du parti, Combat Breton. Il est incarcéré dans les prisons françaises quand il rédige cette lettre, accusé d’avoir participé aux activités de l’ARB dans les années 1990. Il fera plus de deux ans de détention provisoire avant d’être jugé.
 
Durant son incarcération, il témoigne à plusieurs reprise des pratiques humiliantes et dégradantes qui sévissent dans le monde de la police, de la justice et des prisons françaises. Interrogatoires de nuit, cellules déplorables, repas froids, fouilles à nu répétées avec palpations insistantes malgré l’absence de vêtements, volonté d’imposer des pratiques dégradantes bien qu’elles soient systématiquement refusées (« à poil, mettez vous accroupis, toussez »).
 
En dépit de ce quotidien difficile, les militants Bretons incarcérés maintiennent un esprit revendicatif. Avec d’autres prisonniers politiques Basques, ils refusent de remonter en cellule après une promenade. Sur les murs de la cours, ils ont collé une affiche à coté d’un drapeau français et espagnol, on peut y lire l’inscription « Tortionnaires » comme trait d’union entre les deux drapeaux. Une action qui vaut notamment à Gérard Bernard de faire un passage au mitard, c’est-à-dire à l’isolement total, dans une cellule de trois mètres carrés avec comme seul mobilier une table et un lit en béton. C’est là qu’il se trouve le 27 janvier quand il écrit sa lettre pour Combat Breton.

10 janvier 1994

Un nouvel axe routier est inauguré dans le sud de Brest, entre le pont de l’Élorn et la Plage du Moulin blanc. La nouvelle signalétique routière est monolingue française, et dans la nuit qui précède l’ouverture de la route, des militant.e.s de Stourm Ar Brezhoneg (SAB) se sont occupés de repeindre l’ensemble des panneaux.
 
Le communiqué transmis aux médias conclue sur la détermination toujours intacte du groupe à poursuivre les actions de peinturlurage pour obtenir une signalétique bilingue :
 
« Kenderc’hel a raio Stourm ar Brezhoneg d’en em gannañ evit-se, gant doareoù o deus diskouezet bezañ efedus. Brezhoneg, yezh ofisiel e Breizh ! Panelloù hent brezhonek e Breizh! »
« Stourm ar Brezhoneg continuera à combattre avec les moyens qui ont démontré leur efficacité. Langue bretonne officielle en Bretagne ! Des panneaux routiers en breton en Bretagne ! »

Janvier 1977

Durant le mois de janvier 1977, de très nombreux attentats se produisent en Bretagne sous l’action du FLB-ARB. L’année commence par des attaques sur la cité administrative de Redon, le centre de redevance de l’ORTF (pour la langue bretonne dans les médias), le palais de justice de Saint Malo (justice justement, pour l’ensemble de son œuvre), sur les chantiers et carrières de l’entreprise Lagadec (cf éphémérides du mois de décembre et septembre) à Brest et Saint Renan, ainsi que le cercle des officiers de Rennes.

1958

Lancement du journal L’Avenir de la Bretagne, création de la droite bretonne portée par Yann Fouéré, ancien notable régionaliste collaborateur. La ligne idéologique du journal et du mouvement politique qui l’accompagne, le MOB – Mouvement pour l’organisation de la Bretagne – se résume dans une phrase : l’appartement Bretagne dans l’immeuble France du quartier Europe.
 
Conservateur, partisan d’un ordre social inchangé et officiellement hostile à l’indépendance, le MOB se crée sur une période où les mouvements bretons sont presque inexistants. Raccroché au CELIB, regroupement de notables et de patrons utilisant les colères populaires bretonnes pour négocier des aménagements capitalistes du territoire avec Paris (Plogoff, Notre Dame des Landes), le MOB n’arrivera jamais à construire un mouvement idéologiquement cohérent face à l’époque de transformation radicale que connaît la société bretonne traditionnelle au sortir de la guerre.
 
Quelques années après sa création, alors que le journal soutient l’Algérie française et peste en mai 1968 contre les idées de gauche, le mouvement finit par disparaître. À sa suite viendront la fin des années 1960 et la décennie 1970, où opposition au remembrement, au nucléaire, aux fermetures d’usines, à l’armée, à l’État français et au capitalisme en général, vont plus que jamais se lier aux idées nationalistes bretonnes.

Janvier 1921

Le petit journal régionaliste conservateur Breiz Atao, proche du royalisme français, abandonne officiellement son premier sous-titre pour devenir la « Revue mensuelle du nationalisme breton ».
 
Les départs des fondateurs et les changements d’idées de l’équipe de rédaction poussent en effet le journal à prendre ses distances avec le régionalisme, avec la religion catholique, avec le respect pour l’armée et l’amour de la patrie française. Au nom de leur nouveau nationalisme, ces militants assument n’être ni de droite ni de gauche. Pour des gens qui fréquentaient dans leur jeunesse l’Action française, cela signifie que les idées de gauche sont maintenant les bienvenues dans le nationalisme breton.
 
Quelques années plus tard les jeunes de Breiz Atao prendront la rue par l’activisme et n’hésiteront pas à dire qu’ils comptent des communistes dans leur rang. De même, là où il fut répété pendant des générations que l’engagement breton ne pouvait qu’être lié à la religion catholique, ils répondent qu’on peut être protestant, catholique ou athée, et nationaliste.
 
Comme l’écrivent conjointement Morvan Marchal, l’inventeur du Gwenn ha Du et futur antifasciste, et Olivier Mordrel, futur fasciste, en avril 1924 dans Breiz Atao : « Nous sommes venus des quatre coins de la politique, de la religion, de la pensée. Nous nous sommes rencontrés à la Nation Bretonne. »
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